La vigne face au gel de printemps
« Il n’y a plus de saison ! », c’est vrai que depuis quelques temps, la météo prend un malin plaisir à jouer des tours aux vignerons de l’Hexagone. En tête des aléas climatiques : le gel de printemps.
Une feuille de vigne ne fait pas le printemps…
Lorsque le printemps pointe enfin le bout de son nez et que les températures remontent, la vigne se pare de petites feuilles et les premiers bourgeons font généralement leur apparition. Sans chute des températures, tout pourrait alors très bien se passer. Malheureusement, depuis plusieurs millésimes, le froid fait son grand retour au printemps alors que la vigne a repris son activité. Si certains épisodes n’impactent pas directement les vignes (les bourgeons peuvent supporter des températures négatives jusqu’à - 3°C), d’autres, plus intenses peuvent être fatals pour la récolte : la sève, riche en eau, va en effet geler, provoquant la mort de plusieurs parties de la plante. Les vignerons disent même que les bourgeons « sont brulés », tant ils sont abimés par le froid. On distingue :
- les gelées blanches qui se manifestent lors d'un temps froid et clair avec des températures nocturnes comprises entre -3°C à -5°C. Elles concernent surtout les bas de coteaux et les zones humides. L'intensité des dégâts varie de quelques pousses atteintes à l'ensemble de la jeune végétation.
- les gelées noires avec des températures allant de -5°C à -10°C la nuit. Violentes et intenses, elles peuvent détruire totalement les jeunes pousses et causer des pertes de récolte importantes.
Mieux vaut prévenir que guérir…
Pour lutter contre ce gel printanier, les vignerons ont plusieurs options.
Une des pratiques les plus répandues consiste à répandre de grosses bougies ou des braséros directement dans les vignes pour réchauffer l’air ambiant et ainsi empêcher une chute des températures trop importante. Il est nécessaire d’installer entre 300 et 400 bougies par hectares pour être efficace lorsque la température est comprise entre -4°C et -6°C !
Sur le même principe, on peut aussi choisir de faire bruler des bottes de paille, à proximité des vignes : la fumée qui se dégage alors limite la perte de chaleur du sol par rayonnement.
Plus surprenant encore, le système d’aspersion, adopté par bon nombre de vignerons, et qui semble porter ses fruits : il s’agit d’asperger les ceps avec de l’eau pour constituer une sorte de coque de glace autour des bourgeons. L’eau contenu dans cette poche ne gèle pas et le bourgeon est alors protégé (c’est le principe de l’igloo !). Une technique efficace mais néanmoins très couteuse en eau : il faut compter environ 50 m3 d’eau par hectare et par heure.
Certains vignerons étudient aussi la possibilité d’installer des éoliennes ou des tours anti-gel à hélice pour remuer l’air au-dessus de leurs parcelles.
Enfin, c’est parfois le survol d’un hélicoptère (pour rabattre vers le sol, l’air plus chaud situé en hauteur) qui sera salvateur pour la récolte.
Si les vignerons tentent bien souvent le tout pour le tout, y compris la nuit, pour lutter contre le froid, c’est parce que la plupart des dégâts sont irréversibles pour l’année en cours. Véritable fléau pour la vigne en devenir, le gel printanier n’a donc pas fini de faire parler de lui.