2020 : année atypique
Pour tout vous dire sur le millésime 2020, on a contacté quelques domaines viticoles de l’hexagone. MonVinFrançais pousse les portes des chais pour vous.
2020 ne sera décidément pas une année comme les autres, même côté vin où le millésime est déjà considéré comme l’un des plus précoces jamais enregistré. 2020 a donc eu un temps d’avance mais pas seulement. Malgré les fortes chaleurs et la sécheresse, la plupart des vignerons nous promettent des cuvées hautement qualitatives. Une bonne nouvelle pour les amoureux des vins comme nous et comme vous !
Histoire de vous mettre du baume au cœur, on en profite également pour vous dire que malgré la situation sanitaire complexe -masques dans les camions, les bidons de gel hydroalcoolique au bout des rangs de vignes et distanciation sociale de vigueur- la bonne ambiance a régné presque partout dans les vignobles de France d’août à septembre.
En Bourgogne, ça dit quoi ?
Direction la Bourgogne avec Julien Cauvard, du domaine éponyme : “chez nous, les vendanges ont été particulièrement rapides ! en 9 jours à peine, toutes nos parcelles de Pommard, Volnay et surtout de Beaune (appellation phare du domaine) étaient récoltées. C’est un temps record !” Bien sûr, comme bon nombre d’exploitations viticoles dans la région, Julien a lancé les hostilités bien plus tôt que d’habitude. Mais la vitesse de récolte s’explique principalement par la superbe qualité des raisins. La météo a été favorable, les maladies ne se sont pas développées et les grappes étaient sublimes. Pour preuve : Julien Cauvard n’a quasiment pas trié ! Il faut se l’avouer, la rapidité des vendanges s’explique également par un plus petit volume de récolte. “La météo a séché les raisins et a permis d’éviter l’arrivée du mildiou ou de l’oïdium mais on a quand même manqué d’eau”. Au Domaine Cauvard, on déplore ainsi une demi-récolte (20 à 25 hectolitres / hectare) mais on se rassure avec une qualité top niveau : les raisins étaient mûrs, voire très mûrs et les jus sont très beaux. Julien est confiant : ce sera un très grand millésime.
Cap sur le Sauvignon blanc
Au cœur de l’appellation Pouilly-Fumé, le Domaine de Maltaverne a commencé ses vendanges avec 10 jours d’avance. “En fait, on pensait même commencer plus tôt mais tout n’était pas mûr à la fin du mois d’août. Les 10 premiers jours de septembre ont donc vraiment été décisifs : on a eu droit à une belle accélération des maturités, avec beaucoup de sucres”. Les premiers coups de sécateur ont donc retenti le 10 septembre. Et en 10 jours toutes les parcelles de Sauvignon Blanc du domaine étaient passées entre les mains des vendangeurs. Ça n’aura donc pas été de tout repos : temps sec combiné à des températures élevées = vendanges la nuit ! “Dès 3h du matin, l’équipe de vendangeurs était sur le pont pour récolter les raisins à des températures correctes”. L’heure est désormais au bilan : les rendements sont satisfaisants bien que, il faut l’avouer, pas énormes. Pour autant, la famille Maudry garde le sourire et se dit super contente de cette vendange : “la qualité des raisins rentrés est superbe. Et la sécheresse aura au moins eu l’avantage de protéger le vignoble des maladies type mildiou ou oïdium”. Le domaine prédit un millésime très aromatique, certainement plus fort en alcool que d’habitude. Chez MonVinFrançais, nous sommes confiants : le Domaine Maltaverne dégainera encore de magnifiques Pouilly-Fumé cette année.
Dans le Minervois
On attrape les lunettes de soleil et direction le sud. Sur les coteaux du Minervois, entre Béziers et Carcassonne, le Domaine de la Combe Blanche nous ouvre les portes de sa cuverie. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les vendanges ne sont pas encore terminées, il faudra donc attendre début octobre pour dresser un vrai bilan ! “Cette année, les vendanges ont commencé avec deux semaines d’avance, le 17 août. Ce sont les parcelles de Pinot Noir qui ont ouvert le bal des sécateurs”. La famille Vanlancker a veillé de près sur ses 12 hectares depuis le printemps car en avril, l’exploitation avait perdu 5 à 10 % de sa future récolte à cause du mildiou. La région a été beaucoup touchée cette année, heureusement, le Domaine de la Combe Blanche s’en est bien sorti ! “Après cet épisode, les maladies se sont tenues tranquilles. Le domaine, en conversion bio depuis 2018, a pu rester sur sa lancée. Mais la sécheresse de l’été aura eu raison des rendements : 25 hectolitres / hectare contre 38 habituellement. Le domaine a dû s’adapter et faire des choix. Le millésime ne comptera pas 10 mais 5 cuvées”. Les parcelles, d’ordinaire vinifiées séparément, ont été assemblées dès la vendange mais, les Vanlancker l’assurent, la qualité est au rendez-vous. Le printemps humide et la sécheresse de l’été ont donné des raisins d’une superbe qualité. Les jus sont beaux et prometteurs. Ambroise Vanlancker, qui reprend l’exploitation à la suite de son père Guy, nous donne rendez-vous en février pour découvrir ce nouveau millésime. On a hâte !
En Savoie, le duo gagnant
Direction la Savoie pour finir ce petit tour de France, au Domaine Philippe et Sylvain Ravier. Chez eux, les vendanges se sont ainsi étalées de fin août au 23 septembre (bon, il faut dire que le domaine couvre tout de même 40 hectares !). Comme dans de nombreuses régions, elles ont commencé prématurément, avec près de deux semaines d’avance par rapport à la moyenne habituelle. “Au domaine, les sept cépages sont répartis sur différentes parcelles et toutes ne présentaient pas la même maturité en même temps. Il n’est pas évident de tirer des généralités. Cependant, on a pu observer que le Chardonnay, le Pinot Noir et le Gamay étaient précoces. Ils ont donc été vendangés les premiers jours. A contrario, la Jacquère (cépage de l’Apremont) et la Roussanne (cépage du Chignin-Bergeron) sont plutôt des cépages tardifs et ont été récoltés en dernier”. Ici, les vendanges se font à la machine et à la main, pas le choix dans certaines parcelles présentant des pentes jusqu’à 70 degrés ! Pour vendanger dans le secteur, il faut être sportif ou avoir le pied montagnard comme en plaisante la famille Ravier. Une vingtaine de fidèles vendangeurs s’est ainsi relayée dans la bonne humeur et sous le soleil. Les mesures sanitaires mises en place n’ont en rien entaché leur enthousiasme. Cette belle équipe a même terminé autour du traditionnel repas des vendangeurs aux couleurs de la Savoie, offert par le domaine. Philippe et Sylvain Ravier sont ravis de leur récolte : “les jus sont nets et clairs, les rendements attendus au rendez-vous et même des qualités surprenantes (plus de sucre pour certains raisins que d’habitude). Une belle qualité pour un superbe millésime à venir, le tout sur fond de certification HVE (Haute Valeur Environnementale) obtenue aisément cette année”. Bravo les Ravier !